Les Arts de l’Islam

                                                  LES  ARTS DE L’ISLAM AU LOUVRE

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par Elisabeth Gautier

 

Le département du Louvre :

Le département des arts de l’islam du Louvre a été inauguré en septembre 2012. Il a été installé dans la cour Visconti après d’importants travaux de creusement et de consolidation de la cour. Les architectes sont Mario Bellini et Rudy Riccioti (architecte du MuCEM de Marseille et du pavillon noir à Aix). L’espace de 2800m2 bénéficie de la lumière naturelle diffusée par le plafond en forme de voile de verre laiton et acier. Plus de 3000 œuvres  y sont exposées.

 

 

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Ancien et nouveau département

Les débuts de l’Islam :

Le contexte géographique : Arabie désertique, (en dehors de l’actuel Yémen appelé « l’Arabie Heureuse) peuplée de nomades, essentiellement sur la bande côtière. Commerce caravanier vers l’Orient.

Le contexte historique culturel et religieux : deux grands empires voisins sont en conflit depuis des siècles :

l’Empire byzantin, chrétien, riche d’une culture issue du monde romain.

L’Empire iranien sassanide, de religion majoritairement zoroastrienne, qui représente l’âge d’or de l’Iran sur le plan artistique…

La région que l’on appelle «  le Croissant fertile » : Syrie, Palestine, Irak et une petite partie de l’Anatolie, a gardé la mémoire d’une civilisation millénaire (Mésopotamie). L’Arabie préislamique est majoritairement polythéiste, (La Mecque est déjà un lieu de pèlerinage) et par ailleurs ne possède pas les mêmes traditions de bâtisseurs, d’artisans mosaïstes ou céramistes par exemple que ses voisins. L’art de l’islam va donc être une suite de greffes sur d’autres entités vivantes. Et ces greffes seront d’autant plus importantes et variées que l’extension de l’empire musulman sera extrêmement rapide : de 634 à 751 et vaste : l’empire s’étend de l’Espagne  jusqu’à l’Indus (fleuve). Dans la mesure où la conquête musulmane a rarement été accompagnée de destructions massives, les traditions préexistantes se sont perpétuées à tous les niveaux et ont été utilisées par les musulmans et les non musulmans. Il n’y a pas eu au début de la conquête, d’homogénéité de la société.

Au cours des siècles le monde musulman fut confronté à de nombreux conflits (théologiques internes) mais aussi à des guerres longues et épuisantes (les Croisades) ou des invasions redoutables (invasions mongoles). Ces épisodes furent l’occasion d’échanges importants qui ont influencé l’évolution artistique et qui ont par ailleurs occasionné la dispersion d‘objets d’art dans de nombreux pays non musulmans.

L’islam : c’est une religion révélée, « la parole de Dieu » transmise à Mahomet par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Elle va régir toutes les activités de l’homme musulman médiéval : la vie spirituelle, morale, les attitudes sociales et politiques. Cette parole est transcrite bien après la mort de Mahomet à partir de la transmission orale de ses «  compagnons » dans le Coran. D’autres textes règlent aussi la vie quotidienne du musulman ce sont les « hadiths » (datant du IXe siècle) relatifs aux « dits, faits gestes du prophète ». A la mort de Mahomet, la succession pour diriger la communauté des croyants a provoqué les premières scissions au sein de la communauté entre les chiites et les sunnites. Des sectes professant des hérésies diverses traversèrent l’histoire de l’islam.

La question de l’image dans l’islam :

Même si elle ne fait pas l’objet d’un interdit explicite dans le Coran, l’image figurative est dès l’origine de l’art de l’islam, totalement exclue du domaine du culte religieux (lieux et objets du culte) mais elle est présente dans la décoration profane. Le sujet religieux le l’exclut pas : il existe des peintures représentant le prophète dans des épisodes de sa vie, par exemple son « voyage nocturne à Jérusalem » ( visage recouvert ou non d’un voile blanc) dans des ouvrages qui ne sont ni des Corans ni des recueils de hadiths mais des ouvrages littéraires traités comme des épopées…  Alors pourquoi cet aniconisme (absence d’image) ? L’Ancien testament auquel se réfère l’islam, formule clairement l’interdit de la représentation de Dieu : «  Tu ne feras pas d’idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur terre ici-bas ou dans les eaux sous la terre ». L’islam est totalement étranger à toute conception anthropomorphique de Dieu, représenter le vivant c’est se poser en rival du créateur, Dieu est unique (et non incarné comme le Christ des chrétiens) et c’est le texte coranique qui le représente. Si le Coran n’aborde  pas la question de l’image, les hadiths, plus tardifs et au contact de peuples qui ont une tradition ancienne de représentation, comme les Byzantins (avec la crise iconoclaste) et les Perses sassanides, les hadiths donc, vont constituer une jurisprudence dans ce domaine. Ils seront cependant interprétés de manière très variable selon les écoles juridiques coraniques, (au nombre de quatre) les époques et les lieux. L’islam se démarque ainsi de religions qui l’ont précédé : les polythéismes régionaux et la chrétienté. La calligraphie, l’écriture qui transmet le texte divin, a donc pris très rapidement une valeur symbolique  qui l’a mise au centre de l’art islamique et a rejeté de fait l’image  à une place marginale.

 

Visite du département

Le premier niveau correspond à la période de fondation de l’empire  de 632 à l’an 1000.

Relevé des mosaïques de la Grande Mosquée de Damasimages-2

Construite à Damas entre 705 et 715, la grande mosquée des Omeyades est ornée de mosaïques réalisées par des artistes byzantins.

Les cartons du Louvre au nombre de neuf (exposés en alternance) sont le fait de l’Institut français qui a copié en 1929 les dessins à l’identique. Le décor représente une végétation luxuriante, des fleuves des palais, image du paradis ? Les arts de l’islam, par le biais de ces mosaïques, s’inscrivent désormais dans la continuité des arts hellénistiques et byzantins. Reprenant les codes iconographiques antérieurs byzantins ou sassanides, l’islam naissant les transforme et en détourne le sens. Les motifs architecturaux, jusqu’alors utilisés comme arrière-plan, en constituent le sujet principal, tandis que des arbres occupent la place réservée habituellement aux personnages.

Aiguière en cristal de roche

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Vers 1000-1015 Cristal de roche taillé / Couvercle : or filigrané.
Cette pièce luxueuse, réalisée en un seul bloc de cristal, constitue une prouesse technique. Le cristal de roche, symbole de lumière et de pureté, était particulièrement apprécié par les califes fatimides. La majorité des ouvrages que nous connaissons sont arrivés en Europe au cours du Moyen Age et christianisés. Déposés dans le trésor des églises ou dans les trésors civils, ils ont souvent reçu de riches montures orfévrées – précieux éléments de datation pour l’historien – qui montrent bien la valeur qu’on leur accordait. Dans les églises, ils étaient transformés en calices, en burettes, en reliquaires, ou incorporés à des objets de piété (croix et fonts baptismaux), perdant ainsi leur fonction d’origine. L’aiguière probablement offerte par l’Abbé Suger au trésor de l’abbaye de Saint-Denis est particulièrement éloquente. Son décor sculpté se compose de deux rapaces s’affrontant de part et d’autre d’un Arbre de vie. Son couvercle en or filigrané, du type a vermicelli, attribuable aux orfèvres de l’Italie méridionale, à la fin du XIe siècle, confirme l’hypothèse selon laquelle elle aurait appartenue à Roger II, roi normand de Sicile.

La pyxide d’al Mughira

1683-3Pyxide : petite boite ronde à couvercle bombé destinée à contenir des produits précieux (bijoux parfums etc.)

Joyau de l’art de l’ivoire du Xe siècle .Produit dans le sud de l’Espagne non loin de Cordoue en 968. Le cycle d’image qui se déroule sur l’objet présente probablement un discours politique : autour des symboles du pouvoir légitime, il illustre la lutte des Umayyades face aux Abbassides. Une des scènes principales, la scène du trône, présente un personnage arborant le sceptre tressé des Umayyades et un flacon emblème de pouvoir, tandis qu’un autre tient un flabellum, symbolisant sa condition subalterne. Si l’on identifie le personnage au sceptre comme l’Umayyade, l’autre ne serait-il alors pas l’Abbasside ? Dans un autre médaillon, deux hommes adossés portent la main vers des nids de faucon, image de la légitimité Umayyade. Un troisième médaillon enferme l’image d’un lion agressant un taureau. À la manière bédouine de la poésie arabe des premiers temps, les panégyristes comparent les souverains Umayyades à des « lions rugissants ». Enfin, sur le dernier médaillon, deux cavaliers portent la main vers des régimes de dattes. Le palmier, symbole du pouvoir califal perdu avec l’Orient, est un thème illustre de la poésie Umayyade. La pyxide semble adresser un message à al-Mughira. C’est à lui qu’il revenait, de défendre les couleurs des Umayyades contre les Abbassides. Mais al-Mughira représentait une telle menace qu’il fut exécuté. Cet assassinat ouvrit la crise majeure dont devait mourir le califat Umayyade.

Le second niveau au sous sol

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Manuscrit de Coran : Interdiction de reproduction de l’écriture arabe par les moyens de l’imprimerie, l’arabe est langue sacrée, langue de la révélation…

Jusqu’au Xe siècle le Coran est reproduit sur parchemin et les autres ouvrages sur papyrus. Le volume final étant trop épais, il est en fait divisé en  30 parties destinées a être récitées  et lues tout au long d’un mois lunaire. Par la suite le format change : vertical, le papier est utilisé, les ornements devenant de plus en plus complexes, il est fait appel à différents corps de métier : copistes calligraphes, enlumineurs, relieurs.

Les reliures de Coran ne comportent jamais de décors figurés à l’inverse des livres de poésie, des récits épiques et des livres scientifiques. Les documents exposés avec une faible lumière sont extrêmement fragiles et renouvelés régulièrement.

L’Iran du XVIe siècle produit de nombreux portraits et scène de cour d’une grande délicatesse .Un poème épique le « Shah-Nâme », rédigé vers l’an 1000 par Ferdowsi, qui retrace une histoire  mythologique de l’Iran fut l’objet de nombreuses copies et illustrations au cours des siècles.

 

La seconde période : de 1000 à 1250

Bouche de fontaineimages-6

XIIe – XIIIe siècles Espagne ; Bronze coulé, décor gravé
Ce lion a été découvert à Monzón de Palencia en Espagne. Il s’inscrit dans la tradition des bouches de fontaines animalières qui, au bord d’un bassin, animaient les résidences palatiales. L’eau circulait par un tube situé dans le ventre et jaillissait par la gueule. Les flancs et la croupe sont ornés de vœux. Cette œuvre témoigne d’un art palatial raffiné, né sous le califat de Cordoue, et qui s’est perpétué en al-Andalus sous les dynasties berbères du Maghreb.

Aiguière au zodiaque fin du XIIe – début du XIIe s. Iran, Khurasan .Alliage cuivreux, décor incrusté d’argent .

Cette aiguière présente une iconographie liée à l’astrologie : chacune des douze facettes de la panse illustre un signe du zodiaque. Ce thème, présent dès le milieu du XIIe siècle, est lié à l’iconographie princière : le prince est l’astre autour duquel évoluent les planètes liées au zodiaque. Des inscriptions animées de têtes de personnages encadrent la panse. L’objet était pourvu d’une anse droite, aujourd’hui disparue.

Coupe

Céramique, décor percé, gravé sous glaçure. . Iran, XIIe-XIIIe siècle : Relations avec la Chine.

La céramique chinoise, et particulièrement la porcelaine, continue à être importée dans le monde islamique. En Iran, l’emploi d’une pâte blanche enrichie en silice permet par sa dureté à la cuisson de façonner des pièces aux parois fines s’inspirant de modèles chinois des Xe-XIIe siècles. Formes, techniques décoratives, plus rarement les motifs sont réinterprétés plus ou moins librement jusqu’à ne conserver que l’esprit général du modèle.

Vase dit « Barberini »

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Attribué à Dawud ibn Salama al-Mawsili 1239-1260 Syrie, Damas ou Alep, Alliage cuivreux, décor gravé et incrusté.

La commande des sultans ayyubides s’illustre de manière nouvelle à travers des vaisselles prestigieuses de métal cuivreux richement incrusté. Une vingtaine d’objets conservés portent le nom d’un sultan ou d’un membre de leur entourage. Certaines pièces sont signées par un maître dinandier, indiquant un nouveau statut artistique. Ces vases, aiguières, bassins, plateaux et chandeliers participent à la représentation du pouvoir et se distinguent par un abondant décor figuré. Ce vase, unique par sa forme, présente un décor particulièrement raffiné. Les inscriptions font alterner des suites de vœux avec les titres du dernier sultan ayyubide d’Alep et de Damas. Les médaillons de la partie basse enferment principalement des scènes de chasse, divertissement et entraînement de l’élite militaire.

 

La troisième période : 1250 à 1500 : Le second souffle de l’Islam.

280px-Baptistère_de_saint_LouisBaptistère de saint Louis

 

Bassin de cuivre incrusté d’or et d’argent.

Produit sous le règne des Mamlouks vers 1330-1340, il est fort probable que l’objet ait été produit à Damas en Syrie, grand centre de l’art du métal incrusté. Improprement appelé baptistère de Saint-Louis, mort en 1270, bien avant sa réalisation ; mais baptistère, oui car il a été utilisé pour le baptême du fils ainé d’Henri IV et de Louis XIII. Il a été conservé dans la Sainte-Chapelle de Vincennes. Il a appartenu à des Français vers 1440. Œuvre unique dont on ne connait pas le destinataire. L’or s’ajoute à l’argent et à la pâte noire qui sert de fond sombre pour la mise en valeur de l’ensemble. Ce qui est jaune aujourd’hui est le fond de cuivre duquel a sauté l’incrustation d’argent. Ce qui le rend singulier : la taille des personnages et la signature à six reprises de son auteur dont une fois sous le devers de la lèvre : «œuvre du maître Muhammad ibn al-Zayn, qu’il soit pardonné». Les médaillons à l’intérieur, des armes de la France ont été ajoutés en 1821. Les blasons sur la face externe ont subi des modifications, la fleur de lys  n’est pas le signe de la royauté française mais était utilisée par des familles ayyubides. Le décor extérieur : une file de 20 personnages entrecoupée de  4 médaillons représentants des cavaliers tous différents, encadrée d’une frise  d’animaux passants. Elles représentent des scènes de la vie de cour : chasse, jeu de polo, repas …Le décor intérieur : deux grands médaillons avec un souverain sur un trône et deux blasons aux armes de la France, entre des scènes de chasse et de combat. Le fond est meublé d’une ronde de créatures aquatiques : canards, tortues, serpents …

Lampe au nom de l’émir Shaykhu, 1350-1355

73595_97-024223Égypte ou Syrie. Verre soufflé, décor émaillé et doré.

Les lampes de mosquées portent le nom du donateur et une inscription religieuse, les lampes de palais n’ont pas d’inscription. En plus des chandeliers, les édifices pieux reçoivent des lampes de verre. Produites en nombre, très peu nous sont parvenues. Elles portent le nom ou le blason du commanditaire – émir, sultan, ou membre de la société civile – et sont dédiées en bien inaliénable (waqf). Un verset y revient avec fréquence : «Dieu est la lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est comparable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un verre ; le verre est semblable à une étoile brillante».

 

 

Bouteille de Tuguz Timur, 1345 – 1346

Syrie (?) Verre soufflé, décor émaillé et doré.

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C’est la plus belle et la plus grande des bouteilles à long col, parmi la quinzaine de ces luxueuses pièces conservées. Le blason (un aigle surmontant une coupe) semble désigner l’émir Tuguz Timur bien que son nom ne soit pas inscrit sur l’objet. La base du col est ornée de phénix en vol, « chinoiseries » en vogue à partir du deuxième quart du XIVe siècle. Une bouteille de même forme apparaît sur le «baptistère de Saint-Louis». L’élite mamluk a privilégié deux matériaux pour la vaisselle précieuse ; le cuivre incrusté d’argent et d’or, mis en valeur par une pâte noire, et le verre à décor peint à l’émail et doré. Les dignitaires y font appliquer une suite de titres et souvent aussi un blason, rond ou en écu, indiquant leur charge. Les inscriptions et les végétaux forment l’essentiel du décor de ces objets destinés soit à un usage privé soit aux fondations pieuses des émirs et du sultan.

 

Vantaux de deux portes : 1337-1339

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Provenance. Mosquée al-Maridani Égypte, Le Caire. Bois de Padouk et de rose, pin d’Alep, ivoire. Apogée du style géométrique mamluk, ces deux vantaux sont ornés de motifs complexes. L’un, à partir d’une demi-étoile à six pointes, crée un réseau en arc, meublé de papillons et de navettes ; le second  suit une ordonnance classique de polygones étoilés tangents, comme une suite de motifs solaires. Le revers de ces deux vantaux montre un superbe système d’assemblage à «rainures et languettes». Les constructions des émirs et sultans mamluks comptent de grandes portes de bois, denrée souvent importée. Le bois vient d’Inde, de Madagascar ou d’Afrique centrale. Les essences précieuses et l’ivoire donnent toutes leurs couleurs et leur prix à ces chefs-d’œuvre de l’art de l’assemblage. Le procédé crée des surfaces morcelées, phénomène accentué par la technique de l’incrustation polychrome. Les compositions géométriques se développent à partir d’étoiles, produisant un décor infini et changeant.

Coupes à vin

XVe siècle Iran ou Asie centrale. Jade, décor gravé (traces d’or).
Le jade est un matériau très apprécié en Iran et en Asie Centrale aux XIVe et XVe siècles. Le décor gravé de ces coupes était incrusté d’or comme l’indiquent les traces infimes qui persistent. Le décor de fleurs et de feuilles de lotus transcrit dans la pierre les ornements des marges peintes des manuscrits. Les inscriptions de ses cartouches associent vers poétiques en arabe et en persan évoquant le vin.
4e période : 1500 à 1800 : Les empires tardifs.

Le XVIe siècle marque un apogée pour le monde islamique qui comprend alors environ 30 % de la population mondiale.

L’inde des Grands Moghols

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de bois ou de grès : terme indien désignant un écran ajouré dans l’encadrement d’une fenêtre, en cloison ou en parapet, et jouant le même rôle que le moucharabieh de bois. Décors géométriques ou floraux.

 

 

Poignard

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à manche en tête de cheval ; Inde XVIIe s. Manche de jade, le jade est réputé favoriser la victoire (pierre particulièrement difficile à sculpter). Les détails très précis montrent l’attachement des grands Moghols au monde du vivant : bouche demi ouverte, laissant voir la langue et les dents, la babine supérieure retroussée, oreilles rabattues, crinière travaillée en mèches. Spinelles (et non rubis) et émeraudes fixés par des fils d’or  extrêmement purifié, technique qui n’appartient qu’aux grands Moghols. Lame d’origine; cadeau de grand prix ne pouvant être offert qu’à un personnage important ou membre de la famille royale.

 

L’Iran safavide

 Iran, première moitié ou milieu du XVIIe siècle.
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Pâte siliceuse, décor de glaçures colorées et de lignes noires sur glaçure opacifiée. Sur ce panneau, deux jeunes hommes s’affrontent dans une joute poétique. L’un compose des vers tandis que l’autre en récite. Ce panneau provient probablement d’un pavillon du complexe royal d’Ispahan. Des œuvres similaires étaient placées au bas des murs, tandis que la partie haute était ornée de fresques. Beaucoup d’entre eux furent détruits ou démontés à la fin du XIXe siècle. Peut-être les deux personnages du centre sont-ils en train de s’essayer à composer des vers ; la gestuelle des mains, l’encrier, les recueils allongés qu’ils tiennent, destinés à la poésie, semblent le dire. Devant eux un plat chargé de grenades bigarrées évoque les jardins d’arbres fruitiers si prisés à l’époque safavide. On retrouve ici bien sûr le canon développé à la suite de Rèza-è Abbasi et de ses suiveurs, à la silhouette courbe et un peu lourde. Ces panneaux safavides incarnent l’excellence de l’art iranien et donnent une version monumentale de l’art du livre que les Occidentaux émerveillés découvraient à la fin du XIXe siècle. Celui-ci, proviendrait d’un pavillon sur le Tchahr Bagh d’Ispahan.

Les Ottomans

Céramiques d’Iznik

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Dans la seconde moitié du XVe siècle, après la prise de Constantinople et l’installation de la cour ottomane dans l’ancienne capitale byzantine, s’observe dans de nombreux domaines artistiques un renouvellement des formes. II apparaît une production de vaisselle de céramique d’une grande perfection technique, répondant aux besoins d’une élite en demande d’objets de luxe et d’apparat. Cette production devait se poursuivre durant tour le XVIe siècle avant de connaître une période de lent déclin au cours du siècle suivant. La ville d’Iznik en fut le centre de production principal.

Evolution stylistique : Entre 1480 et 1520, domine le bleu de cobalt plus ou moins délayé ; le décor se caractérise par des combinaisons de formes végétales stylisées propre au répertoire islamique, et de motifs floraux inspirés par l’art chinois. Vers la fin des années 1520, le bleu turquoise, à base d’oxyde de cuivre, est associé au bleu cobalt. Le répertoire se diversifie et plusieurs styles coexistent. Le «style des potiers» avec une nouvelle thématique florale et des imitations plus ou moins fidèles de modèles chinois tels que les trois grappes de raisins, le bouquet de lotus, le rinceau de fleurs en spirale. Dans la décennie 1540, la palette de la céramique d’Iznik est déjà enrichie de verts allant de la sauge à l’olive, et d’un mauve aubergine. Durant cette première phase polychrome, l’influence du style saz se fait nettement sentir ; Les dessins saz se caractérisent par des compositions végétales exubérantes aux fleurs composites, versions très complexifiées de lotus et pivoines chinois, associées à de longues feuilles dentelées, leur longue courbe évoquant une dague de poignard. À ces éléments propres au style saz sont peu à peu associées d’autres fleurs : tulipes, œillets, jacinthes et violettes, très prisées par les élites ottomanes férues d’horticulture. Dans le troisième quart du siècle, ce répertoire floral d’inspiration naturaliste devient dominant et s’impose en même temps qu’une nouvelle harmonie colorée associant le rouge tomate éclatant, en léger relief, et un très beau vert émeraude ; Dans les trois dernières décennies du XVIe siècle, le répertoire se diversifie : compositions abstraites sur fond écailleux, scènes animalières, bateaux, etc. C’est une période de grand foisonnement auquel succède pourtant très rapidement, au tournant du XVIIe siècle, une période de lent déclin.

 

Plat au paon

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Le décor du plat au paon est peint dans une gamme de couleurs employée dans l’art ottoman autour des années 1530-155, permettant ainsi de dater ce chef-d’œuvre de la céramique dite «d’Iznik». L’univers végétal est caractéristique du répertoire ornemental «saz». En revanche, la présence du paon, symbole de beauté, est exceptionnelle. L’univers végétal habité par le paon se compose de longues feuilles courbes et dentelées, de fleurs simples à double corolle et de fleurs imaginaires ou composites, qui semblent à la fois vues de haut et en coupe. Ces différents éléments caractérisent le répertoire ornemental qualifié de saz dans l’art ottoman. Le mot saz désigne en turc ancien une forêt dense et enchantée, peuplée d’animaux et de créatures fabuleuses.

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