Sortie en décembre 2013
17 rue St GeorgesHistorique et Fonction
Elle est la plus grande synagogue d’Europe ; elle comporte 1500 places (600 en haut) ; les hommes s’assoient au milieu, les femmes autour.
Il y a un « conseil paroissial », une commission administrative responsable de la synagogue, qui décide des salaires et charges. Le personnel est laïc.
Elle appartient à la Ville de Paris (comme celle des Tournelles).
En 1947, les rouleaux de la Loi ont été rendus à la France pour les répartir dans les différentes synagogues de France. Ceux de la synagogue des Victoires avaient tous été brûlés en 1942.
Elle a été inaugurée en 1874. Les premiers plans ont été tracés en 1866 ; elle était orientée vers la ville sainte de Jérusalem (rue de Chateaudun), mais l’impératrice Eugénie, la femme de Napoléon III ne voulait pas voir l’entrée de la synagogue auprès de celle de l’église Notre-Dame de Lorette. Donc l’orientation de la synagogue est inversée (en direction de la Norvège!). La construction a été interrompue pendant la guerre de 1870.
Il y a des offices religieux tous les matins et tous les soirs, constitués d’une juxtaposition de psaumes ; il faut un quorum de 10 hommes qui récitent certaines prières quotidiennement pour les 2 offices/jour.
Ce n’est pas un lieu consacré. Aucun objet ne l’est. C’est un lieu de réunion.
Le moment le plus important de la semaine est le shabbat (vendredi soir et samedi matin).
Dans toutes les synagogues de France, tous les samedis matins, il y a une prière pour la République française et ses dirigeants. Ceci car c’est la Révolution française qui a accordé la citoyenneté aux juifs.
Dans le Judaïsme, le « jour » commence à la tombée de la nuit de la veille, d’où ces 2 offices du vendredi soir et samedi matin. Ce sont les seuls qui ont lieu dans la synagogue des Victoires ; les autres se font ailleurs.
Calendrier juif
Le calendrier juif est lunaire et solaire : il y a 12 mois lunaires, de 29,…. jours x 12 mois ; le décalage est ajusté par l’adjonction d’un 13ème mois tous les 2, 3 ans. Dans ce calendrier, on est aujourd’hui en 5774.
Il respecte les saisons : le nouvel an est en septembre, début d’une période de pénitence ; 10 jours après, c’est le jeûne de « Yom Kippour »(Grand Pardon) pour demander le pardon des péchés de l’année. Il n’y a donc ni confession, ni intermédiaire pour s’adresser à Dieu. La Torah a été dictée par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï.
En avril, c’est « Pessah » : on mange du pain azim , pendant 8 jours.
En octobre, c’est la fête des Cabanes, pour rappeler la précarité des habitations des Juifs dans le désert ; on dresse des tentes, et on y prend les repas pendant 8 jours.
Ils fêtent aussi la Pentecôte : rappel du don des tables de la Loi de Dieu à Moïse dans le désert du Sinaï.
L’observance de toutes ces fêtes est une « obligation » pour les Juifs, en plus des « demi-fêtes » de février, et de Hanoukka (fête des Lumières) en décembre.
Cérémonies
La 2ème utilisation de cette synagogue des Victoires est le mariage, permis tous les jours, sauf le jour du shabbat.
Il y a ainsi souvent 2 à 3 mariages/dimanche, d’où la présence des dais. C’est l’occasion d’utiliser les orgues (jamais durant les offices).
Il y a 7 bénédictions du mariage adressées par le rabbin aux mariés.
A la fin du mariage, le marié brise un verre pour rappeler la destinée du peuple juif (2000 ans de l’enseignement du mépris)… C’est pourquoi la joie d’un Juif ne peut jamais être complète.
La dernière utilisation de cette synagogue des Victoires est pour les cérémonies nationales. Le ministère demande une cérémonie pour célébrer les morts pour la France, ou encore une cérémonie du Souvenir le 1er dimanche de septembre, pour se rappeler un jour par an les morts de la cellule familiale.
La majorité religieuse est le passage de l’enfance à l’âge adulte : 12 ans pour les filles, 13 ans pour les garçons : c’est la cérémonie de Bat Mitsvah (pour les filles) ou Bar Mitsvah ( pour les garçons). Elle dure moins de 30 minutes. C’est une fête de famille, une cérémonie de confirmation religieuse.
Ils ont aussi un mouvement scout qui se réunit les dimanches après-midis.
Le cercueil n’est jamais emmené à la synagogue ; il va directement du domicile du défunt (du lieu de décès en tout cas) au cimetière : c’est là que la cérémonie a lieu.
La Torah
Il existe une seule Torah, seuls ses « manteaux » diffèrent.
C’est un texte écrit en hébreu, sans voyelle et sans ponctuation, donc très difficile à lire. La personne qui doit lire le samedi doit donc beaucoup s’entraîner.
C’est un texte de 3500 ans ; l’hébreu n’a pas varié.
En un an environ « d’offices », on a lu toute la torah. D’un office à l’autre, la lecture se poursuit. La fin des textes est donc lue le mois des Cabanes.
Ce parchemin n’est pas sacré, c’est le texte qui l’est. Donc le lecteur utilise une « main » pour le lire.
Dans la synagogue, il y a un endroit surélevé pour que l’officiant puisse être vu de tous. Il y a aussi une petite armoire, pour ranger les rouleaux de la torah.
Architecture
L’architecture est de style romano-byzantin. Il y a 10 arches avec un texte en hébreu. La lecture se fait de droite à gauche : ce sont les 10 commandements. Il y a 12 vitraux qui correspondent aux 12 tribus à l’origine du peuple juif. Il y a 5 étoiles de David : Abraham, Moïse, David, Isaïe, Ezrah.
Les murs sont toujours nus, quelle que soit la synagogue : aucune photo, aucune sculpture, ce serait considéré comme de l’idolâtrie.
Notes prises par Francine Ducongé lors de la visite en 2013
–– BIBLIOGRAPHIE CULTURE JUIVE À PARIS Généralités
CITRON Suzanne, L’histoire de France autrement, éd. de l’Atelier
Dans la revue L’Histoire :
– L’antisémitisme, L’Histoire, n° spécial, octobre 2002
– Juifs de France, Les collections de l’Histoire, n°10
– Auschwitz, la solution finale, Les collections de l’Histoire, n°3
– Dossier Auschwitz L’Histoire, janvier 2005 n°294
Le quartier juif à Paris
BRODY Jeanne, Rue des Rosiers, Une manière d’être juif, Autrement, 1995
BOBER Christian, Quoi de neuf sur la guerre, POL, 1994
JARASSÉ Dominique, Guide du patrimoine juif parisien, Parigramme, 2003
Civilisation et religion
ASSOULINE David, Un siècle d’immigration en France, 3 tomes, Syros, 1996
AZRIA Régine, Le judaïsme, Repères
BENBASSA, Esther, Histoire des juifs de France, Seuil, 1997, (Points)
LONDRES Albert, Le juif errant est arrivé, Seuil, 1997 (Arléa)
SZLAKMANN Charles, Le judaïsme pour débutants, La Découverte, 2000 ***