Goutte d’or

  PARIS GOUTTE D’OR

 http://www.paris-unplugged.fr/1856-les-galeries-dufayel/      super photos

https://www.pariszigzag.fr/histoire-insolite-paris/petite-histoire-des-grands-magasins-dufayel

http://www.attelage-patrimoine.com/article-les-ecuries-des-grands-magasins-dufayel-110678762.html

Les grands magasins Dufayel, entreprise titanesque, ouvrirent Boulevard Barbès en 1856. Ces galeries initiées sous l’impulsion de Jules André Crespin portaient alors le nom de Palais de la Nouveauté.

L’entreprise connut rapidement un joli succès.

A la mort de Crespin en 1888, l’enseigne fut repris par l’un de ses employé, le fameux Dufayel. Celui ci multiplia les initiatives ingénieuses et fit preuve d’une grande modernité dans son approche. Tout était bon pour attirer le client et inciter à la dépense. Il fit entre autre aménager un théâtre, un cinématographe, une piste cyclable et un jardin d’hiver. Il initia aussi le paiement en mensualité, chargeant des encaisseurs de passer chez les clients récupérer leur échéances. Son credo résumait tout: “Moi messieurs, je ne travaille qu’avec les pauvres. Vous ne pouvez pas imaginer ce qu’il y a d’argent chez ces bougres-là”. Il estime à 3 millions le nombre de clients vers 1900.

Entre 1874 et 1913, les galeries s’étendront progressivement au quadrilatère formé par le Boulevard Barbès, les rues Christiani, de Sofia, et de Clignancourt, au numéro 26 de laquelle se dressait l’entrée monumentale. Celle ci était surmontée d’un dôme, lui même pourvu d’un phare éclairant la ville. Ces bâtiments nouveaux seront l’oeuvre des architectes Le Bègue (père et fils) ainsi que Gustave Rives. Quant au fronton, on reconnaîtra la pate de Jules Dalou et d’Alexandre Falguière.

En 1912, 15.000 personnes travaillaient dans ce magasin qui se targuait alors d’être le plus grand du monde.

Hélas, après avoir ouvert plus de 400 succursales, Dufayel se fourvoya dans des placements hasardeux qui le conduisit à mettre fin à ses jours en 1916.

 Les galeries fermèrent leurs portes en 1930.

A la libération, la BNP récupéra la partie principale des locaux pour y installer ses 6000 salariés. Le dôme fut détruit dans la foulée. Les années 90 et la révolution numérique provoquèrent la chute des effectifs bancaire. La banque cédera une partie du bâtiment réhabilité en logements en 2002, tout en préservant les façades.

Les Galeries Dufayel entreprise mégalomane au déclin magnifique illustrent à merveille l’esprit de capitalisme et de progrès du XIXe siècle dans tous ses excès.

 

PARIS ZIGZAG

Rappelons-nous : l’ancien village de Montmartre n’est pas encore intégré à Paris, les premières pierres du Sacré-Coeur n’ont pas encore été posées et la Commune de Paris en 1870 viendra mettre à feu et à sang ce quartier qui est alors essentiellement peuplé par les couches populaires de la capitale. Mais alors pourquoi avoir implanté un grand magasin dans un tel quartier ? Parce que, dans les premiers temps, l’établissement n’était pas destiné au grand public, mais aux autres commerces de la capitale qui venait se fournir en objets d’ameublement chez le négociant.

 Le lieu où a été inventé le crédit à la consommation ?

Si le commerce prospère, son fonctionnement va radicalement se transformer une trentaine d’années après sa naissance. En effet, Georges Dufayel, ancien commis de l’établissement, prend la succession de Crespin en 1888 et décide de tout changer : exit les grands magasins et les bonnes familles, les habitants du quartier seront les premiers clients !

Pour attirer des clients dont les bourses ne sont pas forcément très remplies, Dufayel décide de déployer le procédé que son prédécesseur avait déjà mis en place auprès des grands magasins : le paiement en mensualité. Bingo, les habitants du quartier sont conquis !

Avec des millions de clients chaque année et plus de 15 000 employés peu avant la première guerre mondiale, la Maison Dufayel devient le plus important commerce du monde. Au point que les différents espaces sont reliés ensemble par des tunnels à voies ferrées et renferment une gare et des écuries pour permettre les livraisons.

Déclinant progressivement à partir de la mort de Dufayel en 1916, l’établissement fermera finalement ses portes en 1930. Aujourd’hui, il ne reste que sa sublime façade, qui a perdu depuis longtemps son dôme-phare, mais qui continue de nous révéler une ambition commerciale et architecturale que seule la Belle Époque pouvait nous offrir.

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Mais Dufayel n’en reste pas là pour attirer les clients. Il s’installe dans un immense local au 26 rue de Clignancourt et y dresse un édifice complètement hors-norme composé d’un théâtre, d’un cinéma, mais aussi d’une piste cyclable et d’un jardin d’hiver !

 

 

Un édifice démesuré entièrement consacré à la consommation

 

 

 

 

 

 

 

Les employés des grands magasins Dufayel, munis d’un écritoire portatif, parcouraient les rues afin d’effectuer les encaissements auprès des clients

Victor Hugo aurait travaillé chez Dufayel. 

 

      

 Pente d’accés aux boxes et stalles des écuries des grands magasins Dufayel

L’ensemble du fonctionnement reposait sur une importante cavalerie et de nombreux véhicules; omnibus, camions de livraison mais également tout le matériel nécessaire à la publicité dont des camions d’affichage avec leurs grandes échelles.

Il y avait deux tunnels  souterrains et des gares dans chaque annexe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chronologie

1856

Crespin l’aîné ou l’ancien ouvre entre le 11 et 15 boulevard Barbès le «Palais de la Nouveauté» où on vendait de tout à crédit.Il est construit par les architectes Alfred et Stéphan Le Bègue.

1857
– 1888

« La maison créée par M. et Mme Crespin a pour objet principal la vente à crédit de marchandises de toute nature, principalement des objets d’ameublement, de literie, de bijouterie et d’habillement… vendus directement ou par l’intermédiaire de ses fournisseurs et des négociants avec lesquels elle est en rapport, payés par des acomptes mensuels ou hebdomadaires, reçus à domicile par les employés de la maison. Pour augmenter les facilités offertes aux clients, la maison accepte même à recevoir des dépôts de petites sommes applicables sur des acquisitions postérieures et proportionne à ces dépôts les ventes à crédit qu’elle consent. Les classes laborieuses sont naturellement celles qui profitent le plus des avantages qu’offrent ces crédits et dépôts. Par suite, le nombre des clients est extrêmement étendu, et les acquisitions faites sont d’importance généralement minime ».

1869
– 1887

Les terrains d’une surface totale de 10 587 m² sont achetés progressivement pour un prix total de 2 341 020 francs. En 1888, après travaux, ils seront estimés à 3 805 350 francs.

1872
– 1874

Construction des n°15 et 15 boulevard Barbès par les mêmes architectes. Les bâtiments seront agrandis deux ans plus tard.
Le rez-de-chaussée et l’entresol sont affectés aux Grands Magasins de «Crespin aîné ». Les autres parties sont louées.

1874

Construction du n° 11 boulevard Barbès par les architectes Alfred Le Bègue [1808-1881] et son fils Stephan [1844-1934].

1880

Reconstruction du 22 bis rue de Clignancourt.

1883

Démolition partielle de bâtiments rue de la Nation et la mise en place d’écuries et de remises pour voitures.

1887
– 1892

Des travaux importants sont faits aux 30 à 34 rue de Clignancourt et 5 à 15 rue de Christiani, ainsi que l’immeuble à rotonde et coupole à l’angle de ces deux voies(pilastres corinthiens, têtes de Mercure et caducées, balcon ouvragé). Le 7 et le 11 de la rue Christiani sont démolis puis reconstruits. Tous ces travaux sont dirigés par les architectes Le Bègue. Les sculptures sont d’Etienne Leroux.
Crespin fait construire le hall central, large de 13,60 m, haut de 14 m et long de 57,82 m. Une usine centrale installée dans une dépendance permet de fournir l’électricité utilisée.

1888

Mort de Jacques François Crespin [1824-1888]. Fils de modestes cultivateurs, se qualifiant lui-même d' »enfant du peuple », il a inventé le «commerce par abonnement ».
Il a laissé à sa mort une fortune de 13 105 982 francs-or.
Il s’est marié en 1857 avec Pétronille Victorine Hannus, modiste.
A la mort de Crespin, les magasins sont repris par Georges Dufayel [1855-1916]. Il était entré chez Crespin en 1871. Il est associé à ses affaires en 1887 et entre dans l' »Affichage national et international Hanser et Cie» que Crespin venait de racheter à la famille Hanser. La même année Crespin lui accorde un crédit de 600 000 francs, et lui loue les écuries, remises et sellerie du 4 rue de la Nation.
Après la mort de Crespin il fera un procès à sa veuve. Sa part dans l’entreprise va augmenter jusqu’à devenir prépondérante.

1892

Georges Dufayel choisit Gustave Rives [né en 1858] comme architecte. Rives aménage l’entrée du 26 rue de Clignancourt avec une façade en dôme. Le fronton, oeuvre de Dalou, représente «le Progrès entraînant le Commerce et l’Industrie sous le regard protecteur de la Science et de l’Art» est sculpté en 1895. Le sculpteur Falguière réalise «la Publicité qui est l’âme du commerce» et «l’Economie et le Travail grâce auxquels on peut arriver à l’aisance ».

1896

Extrait d’un article dans la revue «La nature»:
« Les magnifiques constructions que vient d’édifier la maison Dufayel au pied de la butte Montmartre pour y loger ses immenses magasins, dressent maintenant sur la rue de Clignancourt leur coupole hardie dont le phare électrique se trouve presque de niveau avec le sol de l’église du Sacré-Coeur. Une visite à ce Palais du Crédit suffit à montrer que le propriétaire n’a rien négligé pour faire de son établissement un des plus beaux monuments de la capitale. »

1905

Grève de 10 jours du personnel pour obtenir la journée de 10 heures et un repos hebdomadaires de 36 heures.

1910

Réalisation des dômes du boulevard Barbès.

1912

Les Grands Magasins Dufayel sont qualifiés de magasins les plus considérables du monde avec plusieurs millions de clients et plus de 15 000 employés.
Les magasins sont reliés par deux tunnels à voies ferrées et les annexes renferment une gare importante et d’importantes écuries pour permettre les livraisons.

1913

L’architecte Rives prévoit une nouvelle architecture de style «Louis XVI moderne» pour la rue de la Nation. Les ferronneries sont dans le style «Art nouveau ».

 1916

Mort de Georges Dufayel.

1930

Les magasins qui sont alors appelés «Palais de la Nouveauté» sont fermés.

1946

Après la Seconde guerre mondiale, la BNCI (Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie) y installe ses services centraux. 6000 personnes vont y travailler. La transformation des conditions de travail avec l’arrivée de l’informatique va progressivement diminuer le personnel présent.

En 1966 la fusion de la BNCI avec la CNEP crée la Banque Nationale de Paris (BNP).

ca. 1990

La BNP n’emploie plus que 1000 personnes dans le bâtiment. La société Meunier, filiale promotion de BNP Paribas a alors entrepris de remodeler les bâtiments, en gardant les façades.

2002

Il est créé 280 logements de différentes catégories. Des magasins comme «Virgin mégastore» et «La grande Récré» viennent s’y installer.

 

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